Cher lecteur et chère lectrice d’Attache ta tuque,
Au terme de la quatrième saison de cette infolettre, je tiens à vous remercier pour votre fidélité et votre compagnie, car Attache ta tuque est aussi l’occasion d’un dialogue très riche avec vous, comme je l’explique dans le Journal des Français de l’étranger qui vient de consacrer un article à mes chroniques canadiennes.
Crédit: gouvernement du Canada.
Je vous propose pour cette dernière édition avant la pause estivale un mélange de nouvelles, sous le signe de la fête, qui marque traditionnellement le mois de juin au Canada : entre la fête nationale du Québec, le 24 juin, et la fête nationale du Canada, le 1er juillet, à chacun son jour de fête.
Pour les anciens diplômés de HEC Montréal, ce fut le 2 juin, l’occasion de célébrer les 20 ans de l’installation d’une représentation en Europe. Le succès de l’école de gestion francophone auprès des étudiants français ne se dément pas. Ils représentent 11% des 15 000 étudiants chaque année et comptent même pour 20 à 25% des inscrits en bachelor. L’admissibilité se fait sur les notes de Première et du premier trimestre de Terminale et l’admission est confirmée sous condition de mention Bien ou Très bien au baccalauréat. Si la sélection est exigeante, elle ne décourage pas les candidats, particulièrement attirés par la formule bilingue français-anglais du bachelor. Sur les 10 000 anciens diplômés d’HEC Montréal en Europe, 7000 sont français ! Après avoir agi avant tout pour le recrutement, le bureau européen d’HEC Montréal a fait évoluer ses missions vers le soutien à l’emploi (car le marché français ne fonctionne pas comme le marché canadien) et l’organisation d’activités pour les alumni, nous explique son directeur Federico Pasin. La présence de l’école à Paris lui permet aussi d’observer ses prestigieuses concurrentes françaises (HEC, Essec, ESCP). Et de nouer des accords stratégiques avec des écoles tricolores : HEC Montréal a ainsi développé plusieurs doubles diplômes, au niveau bachelor avec l’EM Lyon, au niveau maîtrise avec l’ESCP (en management) et Skema (en comptabilité).
Les candidats à l’expatriation vers le Canada étaient eux à la fête le 10 juin, date à laquelle est sorti en kiosque un nouveau hors-série du Figaro, intitulé “Vivre au Canada, pourquoi pas vous ?”. Un numéro opportunément publié alors que les flux d’immigration reprennent après deux ans de pandémie et que la pénurie de main d’oeuvre outre-Atlantique oblige les employeurs à se tourner encore plus vers l’étranger pour recruter. Nourri de nombreux témoignages sous la plume de plusieurs journalistes bons connaisseurs du sujet, ce hors-série fait le point sur les démarches complexes d’Entrée Express (pour le Canada hors Québec) et sur la plate-forme Arrima (pour le Québec). Il rappelle les 5 pièges à éviter en matière d’expatriation au Canada; je ne résiste pas à la tentation de vous les lister à nouveau car je partage évidemment ces recommandations : négliger sa préparation, idéaliser le pays d’accueil, arriver en terrain conquis, minimiser le choc culturel et comparer en permanence la France et le Canada, voilà tout ce qu’il ne faut pas faire. C’est presque un memento que les candidats au départ devraient s’afficher au-dessus de leur lit ! Autre leçon, l’immigration s’est profondément transformée ces dernières années, une transformation accélérée par la crise sanitaire : ce sont maintenant les permis de travail temporaires qui sont les plus distribués, notamment pour le Québec, et constituent le tremplin vers la résidence permanente.
Le 24 juin, pour la fête nationale, le Québec a mis la langue française à l’honneur. La loi 96 a attiré l’attention de l’Académie française qui a invité le tout nouveau ministre québécois de la langue française, Simon Jolin-Barrette, à s’exprimer sous la coupole, à Paris, la veille de la fête nationale du Québec : une invitation historique car jusqu’ici seuls des chefs d’Etat et de gouvernement avaient pu prendre la parole devant les académiciens. A l’issue d’un discours de 40 minutes retraçant le combat des Québécois pour la survie du français en Amérique du nord, le jeune ministre, visiblement ému lorsqu’il a évoqué ses propres origines, modestes, en contraste avec le prestige du lieu, a interpellé la France : “Le Québec vous tend la main. Il vous convie à une union des forces entre nos deux nations basée sur la certitude que le français n’est pas une cause du passé, mais un ferment d’avenir, un moteur de renaissance et de résistance.”
Le français ferment d’avenir, c’est la conviction des organisateurs des premiers Rendez-vous d’affaires de la francophonie qui se tiendront à Québec du 4 au 6 juillet. On y parlera développement économique en français, y compris dans l’univers des start-up, on verra comment la langue de Molière peut être un atout distinctif, y compris dans les Amériques, et on s’intéressera évidemment à la mobilité internationale de la main-d’oeuvre, et au poids de la langue parmi les différents critères de recrutement.
Avant cela, on aura célébré le 1er juillet la fête nationale du Canada, qui revient à Paris, après deux ans d’absence. Au Centre culturel canadien à Paris, dans le 8e arrondissement, c’est une affiche mixte et diverse qui est proposée : le franco-ontarien Mehdi Cayenne et la québécoise Laurence Nerbonne. Un programme attractif et déjà complet…
On peut aussi fêter le Canada à travers des livres ou des films. Côté lectures, je compte découvrir cet été Le miracle québécois, un essai de Mario Polèse. Et un classique de la littérature canadienne, Anne of green gables, Anne et la maison aux pignons verts, que j’avoue ne jamais avoir lu ! On m’a aussi recommandé le film de Jacques Godbout, Le sort de l’Amérique, disponible gratuitement sur le site de l’ONF, qui revient sur la naissance du Canada.
Savez-vous d’ailleurs que l’hymne canadien, Ô Canada, ne dit pas la même chose selon que les paroles sont en français ou en anglais ? En français, il glorifie ce bras qui “sait porter l’épée, il sait porter la croix”, en anglais il valorise “l’amour patriotique” qui anime chacun (“true patriot love in all of us command”). La version francophone évoque encore une “valeur, de foi trempée” tandis que la version anglophone célèbre “le vrai Nord fort et libre” (“the True North strong and free”). De quoi méditer tout l’été sur ce qui distingue le Québec et le reste du Canada…
Bonnes vacances à tous et à toutes !