C’est historique. Le pape François devrait se rendre prochainement au Canada. Il sera seulement le second pape dans l’histoire de ce jeune pays à y faire le déplacement. Avant lui, seul Jean-Paul II avait fait le voyage, par trois fois, en 1984, 1987 et en 2002 pour les Journées mondiales de Jeunesse à Toronto.
Un jeune Cri offre au pape François des raquettes traditionnelles lors de sa rencontre avec les représentants des peuples autochtones canadiens. Crédit : Vatican.
Mais ce qui est encore plus historique, c’est la raison pour laquelle le pape François projette de venir sur le sol canadien. Il s’agira d’aller rencontrer les peuples autochtones, ceux-là mêmes auxquels il a présenté vendredi 1er avril des excuses, attendues depuis si longtemps, pour les actes perpétrés par les congrégations catholiques dans les pensionnats où ont été envoyés de force pendant près d’un siècle les enfants autochtones.
“Je veux vous dire, de tout mon cœur, je suis vraiment peiné. Et je me joins à mes frères évêques du Canada pour vous présenter mes excuses”, a déclaré le pape François devant les trois délégations, représentant les Premières Nations, les Inuits et les Métis, venues le rencontrer au Vatican. “J’éprouve de la douleur et de la honte face au rôle que plusieurs catholiques ont joué dans l'abus et le manque de respect envers l'identité, la culture et même les valeurs spirituelles des peuples autochtones du Canada, a-t-il poursuivi. Tout cela est contraire à l'Évangile de Jésus.”
Ces excuses papales marquent un tournant pour les peuples autochtones. Il a fallu beaucoup de temps pour que l’affaire des pensionnats autochtones soit prise en compte par les autorités politiques et religieuses. Le Premier ministre conservateur Stephan Harper fut le premier, en 2008, à présenter ses excuses à la Chambre des communes au nom du Canada. Dans la foulée, il mit sur pied la Commission Vérité et Réconciliation qui travailla plusieurs années, auditionna des centaines de rescapés. Son rapport fut publié en décembre 2015, après avoir été remis à Justin Trudeau, tout juste élu Premier ministre. A son tour, le chef du gouvernement libéral présenta des excuses pour ces faits commis dans les pensionnats.
La Commission listait 94 recommandations pour avancer sur le chemin de la réconciliation. Parmi celles-ci, la mise en oeuvre d’enquêtes sur les femmes autochtones disparues ou encore des fouilles aux abords des pensionnats. Mais surtout, la recommandation 58 était claire : des excuses étaient attendues du pape dans l’année suivant le dépôt du rapport. En avril 2009, le pape Benoît XVI reçoit au Vatican une délégation de l’Assemblée des Premières nations. Il set dit “désolé de ce qui s'est passé, personnellement et au nom de l'Église”, exprime “tristesse et sympathie” pour ce qu’ont subi les peuples autochtones au Canada. Mais d’excuse, point.
En 2017, lors d’une audience privée au Vatican, le Premier ministre Justin Trudeau demande au pape François de présenter ses excuses, comme le recommandait le rapport de la Commission Vérité et Réconciliation. Mais en mars 2018, la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) explique qu’après avoir examiné la demande et en avoir discuté avec la CECC, le pape est “d’avis qu’il ne peut pas y répondre personnellement”.
Que s’est-il passé pour que le souverain pontife change de position quatre ans plus tard ? En mai 2021, plus de 200 tombes anonymes d’enfants sont retrouvées aux abords du pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique (j’en avait parlé dans un numéro d’Attache ta tuque ici). Une découverte macabre qui provoque une onde de choc dans le pays. En juin 2021, le Premier ministre Justin Trudeau renouvelle son appel à l’Eglise catholique pour qu’elle assume ses responsabilités dans ce drame. La pression monte de toutes parts, et notamment du côté des communautés autochtones. Elle conduit finalement les évêques canadiens à présenter publiquement leurs excuses dans une lettre publiée le 24 septembre dernier. La Conférence des évêques catholiques du Canada annonçait alors qu’une délégation d’autochtones composée d’ainés, de survivants des pensionnats et de jeunes allait rencontrer le pape François au Vatican en décembre 2021.
De son côté, le gouvernement fédéral canadien faisait du 30 septembre la journée nationale de la vérité et de la réconciliation, aussi appelée journée du chandail orange : un hommage à tous les enfants envoyés dans les pensionnats, à travers l’histoire d’une fillette des Premières Nations qui, le jour dans son arrivée dans l’établissement où elle avait été envoyée de force, avait dû retirer le pull orange qu’elle portait (les jeunes autochtones se voyaient privés de leurs vêtements traditionnels, on les empêchait aussi de parler leur langue maternelle).
La rencontre au Vatican, prévue fin décembre 2021, a été reportée à mars 2022. Entre temps, le bilan des fouilles menées près d’une dizaine de pensionnats, essentiellement dans les Prairies, s’est considérablement alourdi : plus de 1100 tombes ont été découvertes, dont 700 à Marieval, en Saskatchewan.
Rappelons qu’environ 150 000 enfants autochtones, métis et innus ont été arrachés à leur famille pendant une centaine d'années, à partir des années 1880, pour être envoyés dans environ 135 pensionnats créés par le gouvernement fédéral et souvent gérés par des congrégations catholiques. Selon les estimations de la Commission Vérité et Réconciliation, entre 4000 et 6000 d’entre eux y seraient morts de sévices, mauvais traitements, froid ou faim.
Les trois délégations autochtones - l’Assemblée des Premières Nations, les Inuits et les Métis - qui se sont rendues au Vatican du 28 mars au 1er avril ont eu d’abord des rencontres séparées avec le pape, avant une audience commune, le dernier jour, celle au cours de laquelle François a présenté ses excuses. Lors de ces différentes rencontres, le pape a pu écouter des représentants officiels mais aussi d’anciens élèves des pensionnats. Plusieurs cadeaux à haute valeur symbolique lui ont été remis : un jeune Cri lui a ainsi offert des raquettes traditionnelles, signe d’une culture toujours vivante; les Premières Nations ont aussi apporté une étole en cuir blanc ornée d’une croix orange (couleur devenu le symbole des sévices subis); les Inuits ont donné une croix faite avec les fanons d’une baleine, rangée dans une peau de phoque; les Métis avaient un livre réunissant les histoires de plusieurs survivants. Mais le plus émouvant ont sans doute été ces mocassins d’enfants et ce porte-bébé de la nation mohawk, simplement confié au pape pour qu’il réfléchisse au sort de tous les enfants partis en pensionnat.
Ce vendredi 1er avril, le pape a franchi un grand pas et suscité un immense espoir. Il a dit vouloir être avec les autochtones pour la célébration de Sainte-Anne cet été, le 26 juillet. Sainte-Anne, mère de Marie, et surtout grand-mère de Jésus, est l’occasion pour les autochtones de fêter les grands-mères dont le rôle est crucial dans leurs communautés. A soixante kilomètres au nord-ouest d’Edmonton, en Alberta, le Lac Saint-Anne est ainsi un lieu de rassemblement ancestral des Premières Nations et depuis plus d’un siècle le but d’un pèlerinage autochtone important. C’est là qu’en juillet 1991, le président de la Conférence oblate du Canada avait présenté, au nom de 1 200 Oblats, des excuses aux Premières nations du Canada pour « certains effets négatifs » que les pensionnats ont eus sur les autochtones.
La venue du souverain pontife sur ces terres autochtones d’Amérique du Nord, où il pourrait renouveler les excuses de l’Eglise devant un grand nombre de victimes aurait un immense retentissement. Pour les représentants autochtones, les excuses doivent en effet être prononcées là où les actes ont été commis. Et elles doivent ouvrir la voie à des réparations ainsi qu'à des éclaircissements sur ce qui s’est passé (l’ouverture des archives du Vatican est à cet égard un enjeu de taille).
Selon Statistique Canada, 63% des autochtones canadiens sont chrétiens, et 36% se disent catholiques. C’est bien parce qu’ils avaient une grande confiance dans les prêtres que nombre d’entre eux se sont laissés convaincre de voir partir leurs enfants dans les pensionnats. Une confiance profondément sapée par un siècle d’assimilation violente.
AGENDA
Journées Québec-France de juin 2022, inscriptions à partir du lundi 4 avril
Mobilité Jeunesse, atelier d’information en ligne organisé par l’OFQJ, lundi 4 avril, 15h
Séance d’information sur les Journées Québec France, organisée par le ministère québécois de l’immigration, en ligne, lundi 4 avril, 18h
La fabuleuse histoire québécoise de Hicham Rahali, conférence virtuelle proposée par la Citim, mardi 5 avril, 12h heure de Montréal
Immigration au Canada, temporaire ou permanente ? webinaire organisé par Mon projet au Canada avec Desjardins, mercredi 6 avril, 13h
Session d’information sur les études de premier cycle au Canada, organisée en ligne par Educanada, mercredi 6 avril, 14h
Trouver un emploi ou un stage au Québec, atelier proposé par le CIDJ, 4 place du Louvre, 75001 Paris, mercredi 6 avril, 14h30
Sessions d’information sur les études de maîtrise, doctorat et postdoc au Canada, organisée en ligne par Educanada, jeudi 7 avril, 14h
Mobilité Jeunesse, atelier d’information en ligne organisé par l’OFQJ, lundi 11 avril, 15h
Travailler dans le secteur de la santé et des services sociaux au Québec, séance d’information organisée par le ministère québécois de l’immigration, en ligne, lundi 11 avril, 18h
L’essentiel des normes du travail au Québec, atelier virtuel proposé par la Citim, lundi 11 avril, 13h heure de Montréal
Séance d’information sur les Journées Québec France, organisée en ligne par le ministère québécois de l’immigration avec Pôle Emploi, mardi 12 avril, 14h30
Travailler et s'installer au Québec, séance d’information organisée par le ministère québécois de l’immigration, Cité des Métiers de la Villette, Paris, 19e, mercredi 13 avril, 17h
Journées Québec tech, organisées en ligne par Talent Montréal, du 25 avril au 1er mai, inscription jusqu’au 17 avril
Les opportunités de travail au Québec, webinaire organisé par Mon projet au Canada avec Desjardins, mercredi 20 avril, 13h
Travailler en tant que préposé(e) aux bénéficiaires au Québec, séance d’information organisée en ligne par le ministère québécois de l’immigration, mercredi 20 avril, 18h
Travailler au Québec dans le secteur des technologies de l'information, séance organisée en ligne par la direction des services de l’immigration, jeudi 21 avril, 17h
Préparer son départ au Canada, webinaire organisé par Mon projet au Canada avec Desjardins, jeudi 21 avril, 18h
Mobilité Jeunesse, atelier d’information en ligne organisé par l’OFQJ, lundi 25 avril, 15h
Québec en tournée, conférences et entretiens à Lyon, lundi 25 avril, Hôtel Mercure Lyon centre Château Perrache, 13h-21h, inscriptions jusqu’au 15 avril ici
Séance d’information sur les Journées Québec France, organisée par le ministère québécois de l’immigration à Bordeaux, Pôle emploi Bordeaux-Meriadeck, mardi 26 avril, à 10h et 14h
Les mardis du CDEFQ, mardi 26 avril, 17h, rencontres et échanges entre les membres
Travailler et s'installer au Québec, séance d’information en ligne organisée par le ministère québécois de l’immigration, mardi 26 avril, 18h
Séance d’information sur les Journées Québec France, organisée en ligne par le ministère québécois de l’immigration, mercredi 27 avril, 18h
Québec en tournée, conférences et entretiens à Bordeaux, mercredi 27 avril, Hilton Garden Inn centre, 13h-21h, inscriptions jusqu’au 15 avril ici
Séance d’information sur la mission de recrutement Journées Québec France, organisée par le ministère québécois de l’immigration à Nîmes, jeudi 28 avril, 18h
Québec en tournée, conférences et entretiens à Paris, vendredi 29 avril, Atrium St Germain, Paris 7e, 13h-21h, inscriptions jusqu’au 15 avril ici