Chères lectrices et chers lecteurs d’Attache ta tuque, recevez mes meilleurs voeux pour cette année 2023. Il était temps ! Non, ma tuque ne s’est pas envolée, disons plutôt que j’avais un peu la tête ailleurs ces dernières semaines… Mais vous m’avez manqué et je me réjouis de vous retrouver !
Et pour bien commencer l’année, au sortir des agapes de Noël, du Nouvel an et de l’Epiphanie, et avant la traditionnelle Chandeleur, j’ai eu envie de me pencher sur une question cruciale pour beaucoup de Français lorsqu’ils se rendent au Canada, et notamment au Québec : va-t-on bien manger dans la Belle province ?
Jérôme Ferrer et Samuel Sirois, à la résidence de la Déléguée générale du Québec à Paris, le 25 janvier.
Question à 1000 dollars, tant l’écart peut paraître grand entre d’un côté, l’effervescence de la scène culinaire montréalaise permettant de goûter à toutes les saveurs du monde et de l’autre l’offre plus limitée en régions, entre la créativité des restaurateurs à la pointe et la déprime provoquée par certains rayons de supermarchés (vous savez, les fruits et légumes sous plastique à IGA, Provigo ou Metro). Beaucoup d’immigrants français estiment qu’il n’est pas forcément évident d’avoir au quotidien une alimentation diversifiée au Québec.
Pour éviter les préjugés à l’emporte-pièce, rien de tel que de se tourner vers un grand nom. J’ai interrogé Jérôme Ferrer, chef d’origine française (il est né à Port-la-Nouvelle dans l’Aude) qui a émigré voilà plus de vingt ans au Québec où il a rencontré un succès fulgurant avec son restaurant Europa. Il était de passage à Paris la semaine dernière. Sa réponse est sans équivoque : “On ne peut pas ne pas bien manger au Québec car il y a un amour du terroir et de la table, des produits exceptionnels comme des poissons, des fruits de mer, les homards en abondance…”. Alors bien sûr, nous dit-il, il faut dépasser les clichés - l’érable (même si l’auteur de ces lignes se damnerait pour un pancake arrosé du fameux sirop), les canneberges - , oublier les plats typiques servis aux touristes dans les cabanes à sucre (la soupe aux pois, d’origine française, a été introduite par Samuel de Champlain). Mais en revanche “revenir à la cuisine de terroir, en évitant de la caricaturer”, préconise Jérôme Ferrer. Car ce méridional l’assure : “ la cuisine québécoise est splendide, goûteuse, merveilleuse”. Et de citer le ragoût de boulettes, les tourtières, ou encore le pudding chômeur “un dessert de famille, à tomber par terre”. Mettre en valeur les traditions culinaires québécoises, tel est selon ce chef, qui assume sa double culture, la meilleure façon de faire rayonner la cuisine québécoise, une cuisine “réconfortante”.
Comment la découvrir au mieux ? Quand on arrive à Montréal, il faut courir chez Schwartz’s déguster une portion ou un sandwich de smoked meat, foncer sur St-Viateur (ou Fairmount, selon votre camp) choisir les meilleurs bagels et ne rater en aucun cas une “épluchette de blé d’Inde” à la fin de l’été. Surtout, il faut se montrer attentif à tous les produits issus du terroir local. Les fromages bien sûr : le Québec disposerait aujourd’hui de quelques 350 variétés (on parle d’un millier pour le Canada), bien au-delà du cheddar qui a très longtemps dominé le marché. Mais la Belle province offre aussi des baies d’exception, nous révèle le chef Samuel Sirois, professeur de cuisine à l’ITHQ à Montréal, de passage en France pour participer au concours du Bocuse d’Or, à Lyon, fin janvier : la camerise (connu aussi sous le nom de chèvrefeuille bleu), l’amélanche (avec un arrière-goût d’amande), ou encore l’argousier. On pourrait aussi citer le mélilot, connu comme la “vanille boréale”. Bref, il n’y a pas que la pomme et le bleuet au Québec ! Inventif, Samuel Sirois est à l’affût des nouveaux produits issus du terroir québécois comme la cameline, un grain qui donne une huile au goût original et une farine idéale pour des gâteaux ultra-moelleux. Il a notamment imaginé une crème glacée à base de cameline.
Autant de saveurs méconnues du Québec, favorisées par une volonté croissante de consommer local. Le panier bleu, lancé en avril 2020 au moment de la pandémie par le gouvernement, propose ainsi près de 2500 références en alimentation. Le hic, c’est que les produits locaux sont souvent plus chers… Mais il existe des façons de contourner cet obstacle avec par exemple l’auto-cueillette de fruits aux beaux jours. Rien de mieux qu’une salade à base de fraises ramassées en juillet dans les champs de l’ile d’Orléans … Vivement l’été !
A suivre
Francophones, immigrez hors du Québec, la voie de l’Entrée Express, webinaire organisé par Immetis, mardi 7 février, 19h
Salon étudier, s’installer, travailler, vivre au Canada, organisé par Air Canada, mercredi 8 février à Toulouse, 10h-18h
Tout savoir sur le PVT, Québec/Canada, webinaire organisé par Mon projet au Canada avec Desjardins, jeudi 23 février, 13h-14h