Avez-vous remarqué qu’au Canada on parle rarement de l’étranger, mais bien plus souvent du nouvel arrivant ou de l’immigrant ? Une nuance sémantique qui a son importance. L’immigration est une nécessité démographique et économique pour le Canada. Mais la crise sanitaire risque fort de limiter les ambitions d’accueil du pays. Alors celui-ci multiplie les actes volontaristes : le 16 avril, 6 000 candidats inscrits dans Entrée Express pour obtenir la résidence permanente ont ainsi reçu une invitation à présenter leur demande.
Crédit : Michel Marie
Deux jours plus tôt, le gouvernement fédéral avait indiqué que la résidence permanente serait offerte de façon accélérée à 90 000 travailleurs étrangers temporaires et étudiants étrangers déjà présents au Canada, notamment ceux qui contribuent à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Les travailleurs en santé sont donc particulièrement concernés : ils devront justifier d’au moins un an d'expérience de travail au Canada pour présenter leur demande de résidence permanente. Tout comme d’autres travailleurs jugés actuellement “essentiels” au pays. A partir du 6 mai, ce sont au total 50 000 travailleurs (dont 20 000 en santé) qui pourront candidater par cette voie accélérée. Les 40 000 autres places sont destinées à des étudiants étrangers diplômés au Canada depuis quatre ans au plus.
Résistance (relative) à la pandémie
C’est un signal fort envoyé par Ottawa, alors que le pays continue de se distinguer au niveau international. En mars, une étude du Boston Consulting Group menée auprès de 209 000 personnes dans 190 pays révélait que le Canada ravissait aux Etats-Unis la première place au classement des pays préférés par les travailleurs étrangers. Une performance attribuée par les auteurs de l’étude à la relative bonne gestion de la pandémie de Covid-19 par les autorités canadiennes.
Avec un total limité à 23 591 décès au 17 avril, depuis le début de la crise sanitaire, le Canada affiche selon les calculs de l'Université Johns Hopkins “seulement” 618 décès par million d’habitants, loin derrière le Royaume-Uni (1874), les Etats-Unis (1716), la France (1527), l’Allemagne (954) et même Israël (741), devenu un modèle pour sa stratégie de vaccination. Quelle est la part de la politique et la part de la géographie (un pays à faible densité de population) dans ce résultat moins pire qu’ailleurs ? Difficile encore à dire aujourd’hui.
Il y a quelques jours, c’est une autre étude (Best Countries Report), réalisée chaque année par US News & World Report avec la Wharton School, qui a désigné le Canada comme meilleur pays au monde… parmi 78 autres. Rien que ça ! Pour la première fois, le Canada s’est classé 1er, devant le Japon, l’Allemagne et la Suisse (ex-leader). Outre des critères politiques, économiques, technologiques et culturels, des critères d’agilité et d’impact social ont été ajoutés cette année. Ils ont permis au Canada de faire la différence : le pays a démontré une capacité d’adaptation et de résistance à la crise actuelle et surtout il a témoigné d’une large prise en compte de ses conséquences sociales.
Des aides généreuses
Le pouvoir fédéral a en effet mis en place des aides généreuses pour soutenir les travailleurs (qu’ils aient perdu leur emploi, soient victimes de la Covid-19, ou contraints de s’arrêter de travailler pour cause d’isolement obligatoire ou d’aide à un proche). Le Canada remporte les meilleurs scores sur les critères de la qualité de vie et de l’impact social. Il se distingue aussi pour le dynamisme de son marché du travail et la protection des droits humains. L’étude est basée sur un sondage auprès de 17 000 personnes, leaders d’opinion, diplômés de l’enseignement supérieur et citoyens.
Comme quoi soigner son image est important pour un pays. Et ce n’est pas seulement une affaire de marketing. Car une image attractive a des répercussions économiques, à travers le tourisme, le commerce et les investissements, souligne David Reibstein, professeur à la Wharton School. Et bien sûr l’immigration.
Le Canada n’est pas pour autant un pays de Cocagne. Il a ses faces parfois sombres ou ennuyeuses, j’y reviendrai dans une prochaine chronique. Mais si vous avez suivi jeudi 15 avril la rencontre organisée par le Centre culturel canadien avec la lumineuse Kim Thuy, vous aurez compris la force de ce pays : celle d’intégrer des individus venus de tous horizons, capables de faire leur la nation qui les accueille. Les mots de l’écrivaine canadienne d’origine vietnamienne sont à cet égard révélateurs : “Le Canada est un pays qui encourage l’audace. Il y a l’existence du droit de la faillite, un droit qui encourage à essayer, à chuter. Si vous échouez, on vous aidera à vous relever.” Le privilège d’une société riche et en paix, ajoute celle qui a débarqué au Québec avec sa famille comme réfugiée à l’âge de 10 ans…
A suivre cette semaine
Mobilité jeunesse, atelier d’information en ligne, organisé par l'Office franco-québécois pour la jeunesse, lundi 19 avril, 15h, heure de Paris
Immigration au Canada, état des lieux et perspectives d’avenir, webinaire organisé par le cabinet Immetis, mardi 20 avril, 12h heure de Montréal
Covid-19, Impact sur l’immigration au Canada, conférence en ligne organisée par la Citim, mardi 20 avril, 16h30 heure de Montréal
Développer son entreprise innovante au Québec, webinaire organisé par la Direction des services d'immigration du Québec à Paris avec l'Office franco-québécois pour la jeunesse, mardi 20 avril, 18h, heure de Paris
Tout savoir sur le PVT au Canada, webinaire organisé par la Cabane Desjardins, mardi 20 avril, 19h, heure de Paris
Mission de recrutement d’infirmiers et infirmières, région de l'Abitibi-Témiscamingue au Québec , séance d’information en ligne, mercredi 21 avril, 18h, heure de Paris
Projection du film The Grizzlies, au coeur d’une communauté inuit au Nunavut, organisée par le Centre culturel canadien à Paris, à l’occasion de la journée du cinéma canadien, mercredi 21 avril, 20h
Recrutement dans la santé et les services sociaux au Québec, webinaire d’information organisé avec Recrutement Santé Québec, jeudi 22 avril, 15h, heure de Paris
Travailler et s’installer au Québec, session d’information en ligne organisée par le ministère québécois de l’Immigration, jeudi 22 avril, 18h, heure de Paris
Projection du film Sol souverain, une découverte de la forêt boréale au Yukon, organisée par le Centre culturel canadien à Paris, à l’occasion de la journée de la Terre, jeudi 22 avril, 20h
Le Canada cultive son image
Vous avez raison de souligner la terminologie utilisée pour les personnes immigrant au Canada.
Le terme « Nouvel arrivant » est intéressant dans son approche. Je pense qu’il engage aussi un accompagnement spécifique.
Toutefois, je reste encore étonnée d’entendre beaucoup de personnes ayant fait une demande de RP se décrire comme expatrié et non immigrant.
C’est presque comme si l’immigration était perçue comme honteuse. C’est un peu dommage ! Il est important d’assumer son choix d’immigrer dans un pays.
Article très intéressant et j'ai hâte de vous lire sur les parties sombres !