“Make Ottawa boring again” : “Rendre Ottawa de nouveau ennuyeuse”. C’était le titre choc arboré lundi par une newsletter quotidienne sur les coulisses de la politique nationale au Canada.
La patinoire du Canal Rideau à Ottawa. Crédit : Commission de la capitale nationale.
Car c’est du jamais vu dans la capitale fédérale, habituellement calme comme l’eau d’un lac, lisse comme la surface du canal Rideau : le centre de la ville est occupé depuis dix-huit jours par plus de 1000 camions et des milliers de manifestants venus de tout le pays dans un impressionnant “convoi de la liberté” pour dénoncer les restrictions sanitaires. La municipalité et la province ont dû déclarer l’état d’urgence avant d’arracher un accord dimanche avec les routiers protestataires pour qu’ils commencent à évacuer au moins les quartiers résidentiels. Pendant ce temps, les autorités provinciales et fédérales parvenaient à dégager le pont Ambassador, principal point d’accès entre l’Ontario et les Etats-Unis, à Windsor, bloqué durant une semaine. Ce pont voit habituellement passer pas moins de 30% du trafic routier entre le Canada et son voisin américain !
De son côté, le Premier ministre Justin Trudeau rencontrait lundi ses homologues provinciaux pour les prévenir qu’il allait invoquer la Loi sur les mesures d’urgence, afin de se donner les moyens de garantir l’accès à la capitale et aux postes frontières avec les Etats-Unis, cruciaux pour l’économie du pays. Une décision tardive, alors que certains leaders politiques et économiques pressaient Trudeau d’agir plus vite et plus fort. Mais pas question pour le chef de gouvernement de ternir son image consensuelle : il n’est gère à l’aise dans le rapport de force. Il se refuse ainsi à faire appel aux militaires comme il l’indiquait très clairement lors d’un point presse vendredi. “Utiliser les forces armées contre des populations civiles au Canada ou dans n’importe quelle démocratie est quelque chose qu’on doit éviter à tout prix”, a-t-il martelé.
Voilà donc le Premier ministre fédéral qui demande des pouvoirs exceptionnels face à ce qu’il considère comme des “blocages illégaux”. Adoptée en 1988, la Loi sur les mesures d’urgence permet au gouvernement fédéral de limiter les déplacements, de réquisitionner des biens, des services voire des personnes en cas de situation critique mettant “gravement en danger la vie, la santé ou la sécurité des Canadiens”. Elle n’avait à ce jour jamais été actionnée. Comment en est-on en arrivé là ? La police locale n’a visiblement pas réussir à contenir le flot de camions et de manifestants, même si le blocus s’est déroulé sans incident majeur, si ce n’est les incessants coups de klaxon et les ronronnements intempestifs des moteurs, épuisants pour les riverains, et ces rues fermées, empêchant les commerçants d’ouvrir leurs magasins ou la population d’atteindre les services essentiels. Surtout, si certains camions commencent à quitter les lieux occupés, le gouvernement fédéral veut s’assurer qu’aucun retour en arrière ne sera possible. Il a donc décidé de mobiliser tous les moyens, y compris financiers, pour venir à bout du blocus. Les entreprises dont les camionns participent au mouvement verront ainsi leurs comptes gelés et leurs assurances suspendues.
Certains dansent sur un volcan. Les Canadiens eux ont pu avoir le sentiment de danser sur la glace durant cette crise déclenchée en plein hiver, avec des manifestants déterminés à rester sur la colline parlementaire, y compris par moins 20°. Le pays s’est fait peur. Mais le Canada n’est pas un Etat où les choses dégénèrent facilement. C’est une des étonnantes leçons de ce conflit à la durée inédite.
Un conflit qui empêche les Canadiens de profiter à plein de leurs performances aux JO de Pékin. Ils affichent pourtant déjà 15 médailles, autant que l’Allemagne et l’Autriche, juste derrière les Russes (18) et la Norvège (21). Les Canadiens s’illustrent évidemment dans ces sports de glisse et de glace qui font partie de leur culture. Mais au-delà des récompenses engrangées au nom de la feuille d’érable, les Canadiens dominent aussi les compétitions, côté cour, particulièrement en patinage. Derrière l’or du duo français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, il y a ainsi l’Académie de glace de Montréal. Une fabrique à champions, créée en 2014 par Marie-Françoise Dubreuil et Patrice Lauzon, un couple phare de la danse sur glace au Canada et dans le monde, rejoint par l’entraîneur lyonnais Romain Haguenauer. Français, Américains, Russes, Espagnols, Britanniques : les meilleurs viennent travailler à Montréal avec ces coachs, eux-mêmes doubles médaillés olympiques. A Pékin, ils comptaient 10 équipes sur les 23 en compétition en danse sur glace, un record !
A Ottawa, les habitants excédés par le blocus pouvaient tout de même aller patiner sur les 7,8 kilomètres de la patinoire naturelle formée par le canal Rideau gelé, ouverte depuis début janvier. Une bonne façon de se défouler en attendant le départ des camions…
AGENDA
Travailler et s'installer au Québec, séance d’information organisée par le ministère québécois de l’immigration, Cité des Métiers de la Villette, Paris, mardi 15 février, 17h
Immigrer au Canada en 2022, quelle voie choisir ? webinaire organisé par Immetis, mardi 15 février, 19h
Gérer ses finances personnelles au Canada, atelier en ligne organisé par la Citim, mercredi 16 février, 18h
Planifiez les études de vos enfants, conférence en ligne organisée par Mon projet au Canada avec Desjardins, mercredi 16 février, 19h
Travailler au Québec dans le secteur du jeu vidéo, séance d’information en ligne organisée par le ministère québécois de l’immigration, lundi 21 février, 18h
Tout savoir sur le métier d’infographiste au Québec, séance d’information en ligne organisée par le ministère québécois de l’immigration, mardi 22 février, 15h
Travailler et s'installer au Québec, séance d’information en ligne organisée par le ministère québécois de l’immigration, mardi 22 février, 18h
Optimiser votre recherche d’emploi au Québec, atelier en ligne organisé par la Citim, mercredi 23 février, 12h heure de Montréal
Journées Québec France-Belgique Santé, recrutement en enseignement, petite enfance, santé et travail social, candidature en ligne du 7 février au 20 mars, entretiens virtuels fin mars