En ces temps troublés, nous avons tous besoin de légèreté, et de sens. Les mots nous en apportent, ils offrent un refuge, un réconfort ou un sésame vers l’évasion.
Parc national de la Gaspésie. Crédit : Bonjour Québec
A l’occasion de la journée internationale de la francophonie, fêtée ce dimanche 20 mars, j’ai découvert un nouveau terme québécois, choisi parmi les 10 mots qui (d)étonnent dans le cadre de l’opération annuelle “Dis moi dix mots”. Il s’agit de divulgâcher, soit révéler prématurément un élément clé de l'intrigue d'une œuvre de fiction. J’adore ce mot à la richesse et à la poésie bien plus grande que son équivalent anglais “spoiler” : car oui, divulguer le ressort ou la fin d’une histoire, c’est gâcher !
On connaît l’inventivité des Québécois pour trouver de quoi exprimer en français des concepts nés dans le monde anglo-saxon. La révolution numérique leur a permis d’exprimer toute leur créativité, de courriels en pourriels, de gazouiller à micro-bloguer… L’Office québécois de la langue française organise même un concours auprès des écoles pour imaginer la traduction française de néologismes anglais. Cette année, quatre mots ont été proposés aux écoliers : bluebird day (une journée ensoleillée, avec un ciel bleu et sans nuages), future-minded (être conscient que nos actions d’aujourd’hui auront des répercussions demain), regrowing (refaire pousser des fruits et légumes à partir de leurs déchets) et vagueposting (publier des messages vagues sur sa page Internet). Pas facile de trouver le mot français qui va concentrer tout le sel de ces expressions ! L’an dernier, parmi les gagnants de ce concours unique au monde, une classe de Montréal avait imaginé le terme “sociomuselage”, pour désigner le fait d’empêcher quelqu’un d’exprimer son opinion dans une conférence ou sur les réseaux sociaux.
Je ne vais pas divulgâcher la fin de cette chronique, mais vous vous souvenez que j’étais partie en février avec quelques livres sous le bras dont La fille qui voulait voir l’ours (Arthaud), signé Katia Astafieff. Cette Française baroudeuse et randonneuse, biologiste passionnée par les plantes et la nature, est une habituée des voyages en solitaire à travers le monde. A l’été 2019 elle s’est lancée à l’assaut du sentier international des Appalaches (SIA), côté Québec. Il s’agit en fait de la traversée de la Gaspésie, depuis Matapedia jusqu’au parc Forillon en passant par les fameux monts Chic-Chocs, soit 650 kilomètres à travers une nature totalement préservée, voire indomptée, avec des sommets qui ne culminent guère à plus de 1200 mètres mais qui garantissent des sensations de haute montagne.
Le récit de Katia Astafieff est empreint de spontanéité et d’auto-dérision. Parfois un peu répétitif - se lever, marcher, transpirer, souffrir, trouver l’abri du soir, se laver, manger, dormir, et c’est reparti pour une journée un pied devant l’autre - il nous emporte toutefois tellement l’aventure vécue par cette Française est un peu dingue : rares sont ceux qui osent s’élancer seuls sur ce sentier et envisagent d’en parcourir l’intégralité ! Ses dénivelés et ses terrains accidentés découragent les randonneurs les plus expérimentés. On y croise d’ailleurs davantage d’animaux (l’orignal majestueux, le huard et son chant fascinant, l’ours autant redouté qu’espéré) que d’humains. Et en plein été ces fameux maringouins qui vous rendent la vie impossible…
Cette histoire m’a fait penser à la Traversée de la Gaspésie (TDLG) qui devait fêter ses 20 ans l’hiver 2022 - anniversaire malheureusement repoussé pour cause de pandémie persistante. Cet événement imaginé par Claudine Roy, une Gaspésienne amoureuse de son territoire et entrepreneure dans le tourisme, propose de traverser en six jours la péninsule gaspésienne, encadrés par des guides et des gens de culture. Une expérience à la fois sportive, humaine et spirituelle, d’abord proposée l’hiver (à ski et raquette), puis l’automne (à pied). La Traversée a accueilli jusqu’à 300 personnes, et a même embarqué en septembre 2019 des écrivains qui ont partagé leur expérience dans un très beau livre (La Gaspésie par monts et par mots, Editions La Presse).
Mais je m’égare… c’est le propre des sentiers me direz-vous ! Je voulais aussi vous parler des mots et des bulles du Canada qui ont fait sensation au dernier festival de la BD d’Angoulême. Le Grand Prix du festival a en effet été décerné à la Québécoise Julie Doucet, une figure de la BD alternative et féministe. C’est la quatrième fois seulement qu’une femme est récompensée et la première fois qu’une Canadienne est distinguée. Une autrice de 57 ans qui a pourtant raccroché les crayons il y a plus de vingt ans ! Elle se consacre depuis à d’autres formes artistiques (gravure, sérigraphie, poésie), a créé sa propre maison d’édition… et s’est remise à dessiner après l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015. Son dernier ouvrage Time Zone J, doit être publié au printemps.
Autre distinction emportée par des bédéistes québécois : le prix Eco-Fauve Raja, décerné pour la première fois pour saluer une BD sur l’écologie, a été attribué à Mégantic, un train dans la nuit (Editions Ecosociété) du duo Anne-Marie Saint-Cerny & Christian Quesnel, une militante environnementaliste et un auteur réunis pour raconter le terrible drame du 6 juillet 2013, quand un train chargé de pétrole a déraillé et semé la mort dans la petite ville de Lac-Mégantic, dans les Cantons de l’Est. Enfin, le Fauve de l’Audace est revenu à Michael DeForge pour sa BD Un visage familier (Atrabile), Familiar Face en anglais - pour une fois pas de problème de traduction. L’auteur, un trentenaire né à Ottawa, est anglophone, et vit à Toronto. Autant d’expressions artistiques à découvrir, en mots et en images, pour transcender la fureur du monde.
AGENDA
Opportunités d’investissement et de commerce au Manitoba, webinaire organisé par la CCI française au Canada, mardi 22 mars, 10h heure de Montréal
Exporter et s’implanter au Canada, réunion d’information organisée par la Chambre de commerce France-Canada à Lille, CCI Hauts-de-France, mercredi 23 mars, 14h
Profiter de l’AECG et s’implanter au Canada, présentation de l’écosystème des affaires au Canada organisée par la CCI française au Canada, mercredi 23 mars, 9h30 heure de Montréal
Exporter et investir au Canada, réunion d’information organisée par la Chambre de commerce France-Canada à Lyon, Palais de la Bourse, jeudi 24 mars, 8h30
Etudier, s’installer, travailler, vivre au Canada, salon organisé par Infos Jeunes Auvergne-Rhône-Alpes/Eurodesk et Air Canada, Palais de la Bourse à Lyon, jeudi 24 mars, 13h30-17h30
Et si vous achetiez ou vendiez une propriété en 2022 à Montréal ? webinaire organisé par la CCI française au Canada, jeudi 24 mars, 12h heure de Montréal
Exporter et investir au Canada, matinée organisée par la Chambre de commerce France-Canada à Nice, CCI Nice Côte d’Azur, vendredi 25 mars, 8h30
Tout comprendre sur l'immobilier et le processus d'achat au Canada, webinaire organisé par Mon projet au Canada avec Desjardins, vendredi 25 mars, 19h
Vivre et travailler au Québec, conférence organisée par la Délégation générale du Québec dans le cadre du salon en ligne S’expatrier mode d’emploi, jeudi 31 mars, 16h45
Vivre et travailler au Canada, conférence organisée par l’Ambassade du Canada, dans le cadre du salon en ligne S’expatrier mode d’emploi, jeudi 31 mars, 18h05